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Selon une analyse de la BBC portant sur dix ans de données provenant du Gallup World Poll, les femmes seraient de plus en plus nombreuses à ressentir de la colère. Pour quelles raisons?

 Chaque année, Gallup interroge plus de 120.000 personnes dans plus de 150 pays en leur demandant notamment les émotions qu’elles ont ressenties pendant la majorité de la journée précédente.

Lorsqu’il s’agit de sentiments négatifs tels que la colère, la tristesse, le stress ou encore l’inquiétude, les femmes seraient systématiquement plus nombreuses à les ressentir que les hommes, même si une tendance à la hausse existe chez les deux sexes depuis 2012.

Couples hétérosexuels

En ce qui concerne la colère et le stress, l’écart avec les hommes se creuse. En effet, alors qu’en 2012, les deux sexes déclaraient des niveaux similaires, neuf ans plus tard, ce n’est plus le cas. En 2021, les femmes étaient 6% de plus que les hommes à ressentir de la colère et du stress. Une différence qui s’expliquerait en partie à cause de la pandémie.

Une hypothèse renforcée par une enquête menée en 2020 par l’Institute for Fiscal Studies auprès d’environ 5.000 parents hétérosexuels en Angleterre. Cette dernière révèle que les mères assumaient davantage de responsabilités domestiques que les pères pendant les confinements. Une situation préexistante à la pandémie, mais aggravée par cette dernière.

Milieu du travail

L’effet de la pandémie sur le travail des femmes peut également avoir joué un rôle. Avant 2020, la participation des femmes au marché du travail progressait lentement, selon Ginette Azcona, spécialiste des données à l’ONU Femmes. Mais en 2020, les progrès se sont arrêtés et le nombre de femmes au travail était inférieur aux niveaux de 2019 dans 169 pays.

Selon Soraya Chemaly, autrice du livre “Rage Becomes Her”, une grande partie de l’épuisement lié à la pandémie viendrait également des secteurs dominés par les femmes, comme le secteur des soins.

“C’est un travail pseudo-maternel et mal payé. Ces personnes enregistrent des niveaux très élevés de colère réprimée. Et cela a beaucoup à voir avec le fait qu’on attende d’elles qu’elles travaillent sans relâche. Et sans aucune sorte de limites légitimes. On retrouve souvent des dynamiques similaires dans les couples hétérosexuels”, explique-t-elle.

“Secouer les choses”

Mais depuis quelques années, la parole des femmes est de plus en entendue et des avancées ont été remarquées. Et cela passe souvent par la colère. “Vous avez besoin de rage et de colère”, convient Ginette Azcona d’ONU Femmes. “Parfois, vous en avez besoin, pour secouer les choses - et faire en sorte que les gens prêtent attention et écoutent”.

 

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