Dans son livre « Parents toxiques », Susan Forward consacre un chapitre complet aux violences verbales, une forme de violence qui laisse des blessures psychologiques pour la vie. Ce qui la rend d’autant plus pernicieuse est que les enfants qui la subissent ne portent pas de traces visibles de son action.
Parmi les abus verbaux dénoncés par l’auteur :
- Les mots cruels sur le physique de l’enfant, ses compétences ou ses capacités intellectuelles : « tu es moche » « tu es bête » « Tu ne sais rien faire »
- Les allusions à sa présence non souhaitée : « j’aurais aimé que tu n’ais jamais vu le jour… » « ils ont dû nous donner un autre bébé à la maternité… » « tu vas finir par me tuer »
- Les railleries, les sarcasmes, les surnoms insultants et les remarques dévalorisantes souvent proférés sous le masque de l’humour : « Ton nez est aussi gros qu’une montagne », « Tu étais absent lors de la distribution des cerveaux ? » « Tes tâches de rousseur ressemblent à d’horribles bestioles » « tu t’habilles comme un clown » « tu danses comme un hippopotame. C’est lamentable. »
- Les menaces proférées sous couvert de l’humour : « On va t’inscrire dans une école en Chine », « un jour, on en aura marre que tu ne dormes pas le soir et nous partirons de la maison. Tu resteras seul(e). » « On va te vendre. »
- Les comparaisons avilissantes : « tu es comme ton c**** de père. Un bon à rien qui m’a laissé tomber. »
- L’exigence de perfection : « tu fais toujours tout de travers. Ce n’est jamais parfait », « ton copain, lui, a obtenu un 10/10 au moins » » tu n’as aucun droit à l’erreur, je te préviens ».
Si l’enfant pleure ou se plaint, il n’est pas rare qu’il s’entende répondre qu’il n’a aucun sens de l’humour (nouveau poison) ou encore « il sait bien que je plaisante » en s’adressant à un tiers, ce qui suggère que l’enfant est complice de son traitement.
Pire, ces attaques peuvent être enrobées dans un écrin de prévenance, de leçons éducatives, de bonnes intentions : « c’est pour ton bien que je te dis ça. » « Le monde est sans pitié et nous t’apprenons à l’affronter »…
Les paroles humiliantes répétées peuvent détruire les neurones dans des structures essentielles du cerveau des enfants.
Catherine Gueguen
L’enfant qui entend ces poisons verbaux les absorbent et en fait sa réalité, ses croyances. Il ne peut pas remettre en question ce que ses parents (ou les membres de sa famille) lui affirment. Tout ce qui est dit, même sous le ton de l’humour (humour douteux d’adulte), est admis et intégré dans l’inconscient, lui laissant de graves meurtrissures, des marques au fer rouge sur son estime de soi et un sentiment récurrent de culpabilité, d’avoir mérité ce qu’on lui inflige, de ne pas être à la hauteur…
Quant aux abus verbaux en dehors de la famille (enseignants, relations,…), ils laissent aussi des séquelles psychologiques. À force d’entendre les critiques et les étiquetages « tu es », ils sont intériorisés en passant au « je suis », détruisant l’estime de soi et compromettant la capacité au bonheur pour le reste de la vie.