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Le manque de sommeil semble associé à la surcharge pondérale et à l'obésité, soulignent les résultats d'une étude américaine publiée dans le journal "Archives of Internal Medicine".

 Les effets du manque de sommeil sur la somnolence diurne, les troubles de l'humeur, et l'augmentation du risque d'accidents du travail ou de la route sont déjà connus, et des études ont également souligné qu'il pourrait être lié à la progression de l’obésité, rappellent le Dr Robert Vorona, du département de médecine du sommeil de la faculté de médecine de Virginie, à Norfolk, et ses collègues. Ces chercheurs américains ont quant à eux exploré cette association en observant plus de 900 personnes âgées de 18 à 91 ans recrutées dans quatre cabinets de médecine générale. Les participants, qui ont été pesés et mesurés par des professionnels de santé, ont également dû répondre à un questionnaire portant notamment sur leur rythme veille-sommeil habituel (heure de coucher, heure de lever, fréquence et durée des siestes...) et sur leurs éventuels troubles du sommeil (syndrome d'apnée obstructive du sommeil, syndrome des jambes sans repos , narcolepsie , ou encore insomnie ).

Les données ainsi recueillies ont ensuite été analysées en rapportant le temps total de sommeil par 24 heures en fonction de l' indice de masse corporelle (IMC, rapport du poids sur la taille élevée au carré) qui permet de repérer une surcharge pondérale ou une obésité. Pour se faire, quatre groupes ont été constitués selon que les participants présentaient un poids normal (IMC inférieur à 25), une surcharge pondérale (IMC compris entre 25 et 29,9), une obésité (IMC compris entre 30 et 39,9) ou une obésité massive ou morbide (IMC dépassant 40). L'équipe de chercheurs américains a ainsi dégagé quatre principaux constats, les deux premiers étant que le "patient moyen" américain est obèse (avec un IMC moyen de 30 pour les participants à cette étude) et que les femmes dorment plus que les hommes.

Il est également apparu à travers cette analyse que les personnes en surpoids et les obèses dorment moins que les personnes présentant un IMC normal, cette relation se manifestant tant au niveau de l'ensemble des participants que du sous-groupe de ceux qui ne se plaignent pas de troubles du sommeil. Parmi les explications avancées pour expliquer le lien entre manque de sommeil et obésité, les auteurs rappellent que des travaux ont souligné que le manque de sommeil (aigu ou chronique) était associé à des variations des taux des hormones intervenant dans la régulation de l'appétit. Cependant les chercheurs américains ont également constaté que cette relation quasi linéaire entre la diminution du temps de sommeil et l'augmentation de l'IMC s'inverse chez les patients présentant une obésité massive, qui dorment plus que les personnes obèses ou en surpoids.

Les membres de l'équipe conduite par le Dr Robert Vorona avancent différentes hypothèses pour expliquer cette dernière observation. Ainsi, selon eux, le groupe des participants présentant une obésité massive comptait peut-être des personnes souffrant sans le savoir d'un syndrome d'apnée obstructive du sommeil (qui s'accompagne dans cette étude d'une augmentation de 30 minutes du temps de sommeil par nuit). Par ailleurs, les participants de ce groupe, qui souffrent d'une large gamme de pathologies, suivent probablement des traitements médicamenteux qui affectent leur sommeil, notent également les auteurs de cette étude.

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La différence du temps total de sommeil par 24 heures entre les participants présentant un IMC normal (22 en moyenne) et ceux des autres groupes (valeur moyenne de l'IMC = 32) ne s'élève qu'à 16 minutes par jour. En une semaine, les personnes dont l'IMC est normal dorment donc presque deux heures de plus que celles dont l'IMC révèle un problème de poids, notent les auteurs, qui enfoncent le clou en indiquant qu’une heure de sommeil en moins par semaine équivaut à un IMC augmenté de 5,4. S'ils rappellent évidemment que le régime alimentaire et la sédentarité exercent une influence non négligeable sur la progression de l'obésité, les chercheurs américains concluent donc en insistant sur le fait que 20 minutes de sommeil supplémentaire par jour semblent associées à une diminution de l’IMC.

Pour autant, cette étude n'établit pas de relation de cause à effet entre le manque de sommeil et l'obésité, précisent-ils, et seules des études évaluant l'efficacité de stratégies visant à accroître le temps de sommeil permettraient d'établir un tel lien. Dans un éditorial publié dans la même revue, deux médecins américains du Northwestern's Center for sleep and circadian biology (Illinois) soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur la façon dont le manque de sommeil affecte les voies métaboliques contrôlant l’appétit, la prise alimentaire et les dépenses énergétiques, alors que l'épidémie d'obésité progresse aux Etats-Unis. Selon eux, alors qu'au cours des dernières années, différents travaux ont pointé du doigt l'impact du manque de sommeil sur la progression de l'obésité, ce lien est encore largement ignoré de la profession médicale et du grand public. (Archives of Internal Medicine, 10 janvier 2005, vol 165, n° 1, p. 25-30)

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