Le « moi toxique » est une partie de l’identité façonnée par des expériences négatives (rejet, abandon, humiliation…) non digérées, qui continuent de nous « piloter ».
Il agit comme un filtre déformant : ce que nous vivons, ce que nous ressentons, ce que nous croyons sont souvent influencés par ces schémas anciens.
Il se manifeste par des réactions automatiques, des comportements répétitifs ou des émotions intenses disproportionnées vis-à-vis de la situation présente.
1- Origines et mécanismes
Marie-Estelle Dupont explique comment s’installe ce « moi toxique »:
- Dès l’enfance, nous sommes sensibles aux thèmes d’abandon, de rejet, d’humiliation ou de trahison. Ces micro-traumatismes peuvent être intériorisés.
- Le cerveau et le corps retiennent : « ce qui ne s’exprime pas s’imprime ». Ces expériences anciennes sont stockées sous forme de croyances (« je ne vaux rien », « je ne mérite pas », « je serai abandonné·e ») et de réactions émotionnelles/réactivités.
- Ces schémas peuvent se répéter dans les relations adultes, dans le travail, dans les émotions que nous ressentons, comme s’ils étaient «programmés».
2- Les conséquences dans la vie quotidienne
Le « moi toxique » peut se manifester par :
- Un auto-sabotage : se retrouver à répéter des situations douloureuses.
- Une difficulté à faire confiance ou à être vulnérable.
- Des émotions surprenantes ou disproportionnées : colère, tristesse, peur.
- Un sentiment de « vivre au-dessus de soi-même », de ne pas être libre.
- Une difficulté à être « ici et maintenant », car l’énergie est consacrée à ces schémas anciens.
3- Le chemin vers la libération
Marie-Estelle Dupont propose plusieurs pistes pour entamer la libération :
a) Prise de conscience
Il est essentiel de reconnaître la présence de ce « moi toxique » : identifier les moments où l’on réagit de façon ancienne, par réflexe, sans être pleinement présent.
b) questionnement intérieur
Se poser des questions :
« Quelle est la blessure sous-jacente à cette réaction ? »
« Quelle croyance ancienne est activée ici ? »
« Est-ce que cette émotion/ce comportement me sert encore ? »
c) Travail corporel & émotionnel
Dupont insiste sur le fait que ces schémas ne sont pas uniquement mentaux. Le corps garde la mémoire : respiration, méditation, pleine conscience, symbolisation, écriture peuvent aider.
Elle déplore que souvent on travaille « juste » la pensée sans tenir compte de ce qui est somatisé.
d) Changer l’histoire relationnelle
La libération passe aussi par le fait de vivre autrement ses relations : se poser des limites, accueillir ses besoins, choisir des relations qui nourrissent plutôt que celles qui répètent les blessures.
e) Patience et auto-bienveillance
Ce n’est pas un travail instantané. Dupont rappelle : « Il faut laisser le temps au temps ». Se libérer du moi toxique demande un rythme, des essais, des erreurs, des ajustements.