En vieillissant, le corps change, mais la façon de voir la vie aussi ! C'est ce que suggère une étude parue dans une revue de l'American Psychological Association. L'analyse a compilé 14 études longitudinales qui rassemblaient des informations sur la personnalité de 47.190 personnes vivant aux États-Unis ou en Europe. Les participants faisaient partie, entre autres, de la Health and Retirement Study (11.217 personnes), de la Wisconsin Longitudinal Study (8.491 personnes) ou encore de la Longitudinal Aging Study of Amsterdam (5.132 personnes).
Pour connaître l'évolution de la personnalité des participants, les auteurs ont utilisé le modèle des « Big Five » : il s'agit de cinq traits de personnalité décrits par Goldberg et repris par Costa et McCrae. En Français, les Big Five ont été décrits avec les lettres formant le mot « océan », ou « canoë », pour :
O : Ouverture d’esprit, Originalité ;
C : Conscience, Contrôle, Contrainte ;
E : Extraversion, Énergie, Enthousiasme ;
A : Agréabilité, Altruisme, Affection ;
N : émotions Négatives, Nervosité, Névrosisme.
D'après cette vaste analyse, les traits de personnalité variaient au cours de la vie ; dans l'ensemble, ils déclinaient, sauf un, l'agréabilité, qui restait stable. Ainsi, en vieillissant, nous sommes moins nerveux vis-à-vis de la nécessité de se conformer à un groupe, moins ouverts à la découverte de choses nouvelles (et préférons nos classiques), plus introvertis et plus tournés vers nous-mêmes.
Des seniors plus libres qui profitent plus de la vie : Les résultats de cette étude vont dans le sens d'un effet Dolce Vita : l'idée qu'en vieillissant, les individus apprécient d'avoir moins de responsabilités sociales et de faire davantage ce dont ils ont envie. L'effet Dolce Vita suggère que certains traits de personnalité importants au milieu de la vie déclinent en vieillissant car les personnes âgées ont moins besoin d'être extraverties et consciencieuses pour atteindre leurs objectifs au quotidien.
Comme l'explique Sarah le Vigoureux, de l'université de Nîmes, dans une publication de 2016, la Dolce Vita se manifeste par une sorte d'auto-indulgence qui se développe en vieillissant. Selon cette hypothèse, les personnes âgées seraient moins consciencieuses car elles sont moins préoccupées par la productivité. Comme elles ont atteint leurs objectifs sociaux, elles chercheraient plus à profiter de la vie et seraient donc plus à la recherche de leur bien-être.
Ces tendances générales se retrouvaient dans les 14 études et dans différentes régions du globe, même s'il y avait quelques spécificités géographiques. Par exemple, aux États-Unis, l'extraversion diminuait beaucoup avec l'âge. Pour les auteurs, cela pourrait être lié à la culture américaine, qui accorde plus de place à l'extraversion ; ce caractère devient particulièrement important chez les jeunes adultes, et donc diminue d'autant plus vite en vieillissant.
Source: futura-sciences