Presque personne ne sait vraiment ce qu’il se passe chez les bébés qui continuent à pleurer. Les conséquences corporelles et psychiques pourront peser sur eux leur vie entière. Quand un bébé pleure sans être consolé par ses parents, son niveau de stress augmente. Car, à travers ses cris, il souhaite faire entendre quelque chose à ses parents peut-être a-t-il faim, ou bien ressent-il des douleurs, ou encore a-t-il besoin de compagnie. Il est totalement dépendant d’eux et ne peut s’occuper de lui-même.
Si ses appels sont ignorés, son corps est inondé d’hormones de stress. Sur la durée, cela peut endommager son système nerveux central. Sa croissance et son potentiel d’apprentissage peuvent également s’en ressentir.
Dans une interview au Süddeutsche Zeitung (ou SZ, le grand quotidien du sud de l’Allemagne), Karl Heinrich Brisch, chef du service de médecine psychosomatique de l’hôpital pour enfants de l’Université de Munich, explique que les bébés que leurs parents laissent pleurer "apprennent très tôt à déclencher un programme d’urgence dans leur cerveau, très similaire au réflexe de thanatose observé chez les animaux dont la vie est menacée, et qui consiste à simuler la mort". Leur développement cérébral en est affecté et ils n’apprennent pas à s’adapter au stress.
"Les bébés ont peur de la mort." : La psychologue Katharina Saalfrank, qui doit sa renommée à l’émission Super Nanny (dont la version allemande a été diffusée sur RTL), va également jusqu’à parler de "peur de la mort". Ainsi, en 2013, a-t-elle dit à propos de cette méthode si contestée: "Chaque seconde qui passe, les enfants ont peur de la mort." Fabienne Becker-Stoll, directrice de l’Institut de Pédagogie infantile de Bavière, déclare au SZ: "Les enfants ont besoin d’une chaleur physique sur laquelle ils peuvent compter, afin de satisfaire leurs besoins psychiques élémentaires et de faire baisser leur stress. C’est seulement ainsi qu’ils peuvent construire des liens sûrs et confiants avec leurs parents puis avec les autres personnes de leur entourage."
Des conséquences psychiques qui se manifestent jusque dans l’âge adulte : Les bébés que l’on laisse crier peuvent être traumatisés. Le manque de réaction de leurs parents signifie: "Tu peux pleurer aussi longtemps que tu le souhaites, personne ne viendra t’aider." Il en résulte fréquemment des problèmes affectifs, qui sont loin d’être les seules conséquences. Des troubles du sommeil, de l’anxiété, des dépendances et des symptômes dépressifs sont également susceptibles d’apparaître.
Laisser pleurer les enfants n’a absolument aucune valeur pédagogique : Les parents qui ne réagissent pas tout de suite aux signaux envoyés par leur enfant ne font du bien à personne: ni à eux, ni à l’enfant. La méthode de "l’attente progressive" n’a aucune valeur pédagogique, car les bébés ont une perception du temps totalement différente de la nôtre. Ils ne savent pas s’ils ont pleuré cinq ou dix minutes et sont incapables d’en tirer la moindre conclusion. Il est bien connu que les bébés pleurent d’autant plus longtemps que leurs parents les ignorent. Des chercheurs britanniques ont démontré que les nourrissons dont les besoins sont toujours satisfaits pleurent beaucoup moins au total que ceux qui reçoivent de moins d’attention.
La recette du succès: beaucoup de câlins : Des études ont en outre montré que les contacts affectueux et attentifs sont bons pour le développement. Des scientifiques de l’Université Notre-Dame, aux Etats-Unis, se sont aperçu que les personnes qui avaient été plus souvent portées et cajolées dans les premiers mois de leur vie, et n’avaient pas été laissées seules sur de longues durées, s’en tiraient beaucoup mieux dans la vie. Parmi les 600 adultes testés, elles étaient en meilleure santé, moins dépressives, dotées d’une meilleure capacité d’empathie et aussi nettement plus productives que celles qui avaient souffert d’un manque d’attention. Le meilleur conseil que l’on puisse donner aux parents est donc d’écouter leur instinct. Réagir aux cris et aux pleurs de son enfant est après tout un réflexe parfaitement naturel. Il est donc tout à fait logique que ce soit aussi le bon réflexe.
Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post allemand, a été traduit par Uta Becker