L'image traversa la moitié du monde. Le garde forestier du parc des Virunga André Bauma tenant dans ses bras lors de son dernier souffle le gorille qu'il a lui-même secouru, élevé et protégé pendant 14 ans : Ndakasi.
S’il y a quelque chose que Ndakasi put savoir au cours de ses 14 ans de vie dans le Parc National des Virunga (République Démocratique du Congo), c’est bien l’amour. Cette femelle gorille des montagnes a été élevé dans les bras du même homme qui, il y a quelques jours à peine, le tint également sur ses genoux lors de son dernier souffle. André Bauma dut en effet la laisser partir avec une grande douleur, mais avec une affection immense.
Après tout, ce bel animal faisait partie de lui, une part de sa propre histoire, une créature qu’il avait sauvée d’une mort certaine alors qu’elle n’avait que deux mois. Gratitude, complicité et attachement. On ne peut s’empêcher de s’émouvoir et de percevoir ces réalités en regardant cette image capturée juste avant sa mort. Il convient de noter que oui, cette fin arriva avant l’heure.
Les gorilles ont en effet une espérance de vie proche de 35 ou 40 ans. Mais la vérité est que même si les parcs et les réserves sont le seul moyen d’être à l’abri des braconniers, il ne s’agit pas leur habitat. Ces animaux ont besoin d’être dans les forêts, dans leur environnement naturel et avec leurs groupes sociaux. Ndakasi tomba malade tôt et rien ne put être fait pour stopper sa maladie.
Cette image qui traverse désormais nos réseaux sociaux nous émeut et nous invite à la réflexion. L’être humain peut être cette figure capable d’anéantir des espèces entières d’animaux. Mais il peut aussi être le giron qui protège, enveloppe, soigne et accompagne.
Elle était extrêmement intelligente, unique et spéciale… Andre Bauma décrit le gorille Ndakasi comme sa fille la plus spéciale et la plus intelligente. Il n’est pas étonnant que chaque garde-forestier ait ses « favoris ». Ce fut le cas d’elle, de cette femelle, que son gardien secourut alors qu’elle n’avait que 2 mois.
C’était en juin 2007, lors de pluies torrentielles. André la trouva en train de serrer dans ses bras le corps sans vie de sa mère, brutalement assassinée par des braconniers. Il la sépara avec amour de sa mère et la porta sur sa propre poitrine tout en la couvrant d’une veste. Cela lui donnait de la chaleur. Il lui offrit des soins constants pendant ces premiers mois et années.